Amandine Marembert ~ L'ombre des arbres diminuent à certaines heures du jour ~ Wigwam
Dans son recueil L’ombre des arbres diminue à certaines heures du jour (éditions Wigwam), Amandine Marembert évoque la difficile épreuve d’un enfant mort-né, événement terrible qui laisse la mère abasourdie :
Que dire à celle qui a perdu la vie
qu’elle était sur le point de donner
Que la vie continue
qu’il y a un après
formules creuses comme une bouteille vide
Il faut lui rappeler
que l’ombre des arbres diminue
à certaines heures du jour
Douze poèmes racontent le vide creusé par l’absence, dessinent le portrait de la femme qui doit lutter contre elle-même et se résoudre à accepter le sort :
Elle portera une ombre au fond du bassin
qui grandira au soleil de midi
qui se répandra la nuit tombée
Elle tentera de l’apprivoiser
Mais ne pourra s’en détacher
Il lui faudra composer
avec la face cachée de la lune
Le paysage hivernal apparaît tel un effet du chagrin : le froid, le gel, le vent, la neige, autant d’éléments qui renvoient à la douleur de la perte :
L’enfant
qui a mis d’emblée sa vie entre parenthèses
restera un rai de lumière sous une porte
qui ne s’ouvrira jamais
Le trou de la serrure retiendra un visage de gel
de janvier sec
de perce-neige à peine éclos
dans la terre du jardin
La douleur devient compagne, la nature tombeau. Dans L’ombre des arbres diminue à certaines heures du jour, Amandine Marembert effleure avec délicatesse une épreuve cruelle, et ses poèmes composent sur la page blanche le chant vibrant d’une mère désolée.
Par Cécile Thibesard